10 conseils pour débuter dans le rhum
La dernière goutte de la dernière bouteille de rhum de votre bar maison vient d’être avalée. Ce subtil jus de soleil vous a réconcilié avec le rhum, que vous aviez délaissé pour d’autres spiritueux, après des premières expériences mitigées. Mais cette bouteille qu’on vous avait offerte en cadeau était très intéressante, un véritable coup de cœur. C'est décidé, vous souhaitez expérimenter d’autres saveurs. Mais par quoi commencer ? Comment s’y retrouver ?
Vous êtes nombreux à vous poser ces questions et il n'est pas évident d'avoir des réponses. Le monde du rhum est vaste et en perpétuelle évolution. De nombreuses subtilités dans la production ou dans l'histoire des rhums apportent des différences singulières. Rhum, Rum ou encore Ron ? Blend ? Small batch ? Brut de fût est pour vous le nom d'un méchant dans un dessin animé ? Pas de panique, le Capitaine Klac s'occupe de vous et vous délivre 10 conseils pour bien choisir son rhum. Le meilleur rhum même !
1 / Ne vous fiez pas au prix
De manière générale, le prix d'un produit ne fait pas sa qualité. C'est pareil dans le monde du rhum. Il faut prendre en compte la marque, la rareté du produit, l'offre, la demande, etc. Le prix de la bouteille de rhum ne fait pas sa qualité. Les rhums avec un prix de vente assez onéreux ne sont pas réservés aux experts, et inversement, les rhums au prix de vente abordable ne sont pas réservés aux débutants. Dans votre vie, vous aurez peut-être la chance de goûter un rhum dont le prix de vente de la bouteille fait tourner la tête. Il se peut que vous soyez déçu par le goût de ce dernier. Encore une fois, il faut prendre en compte tout ce qui va autour. Si le rhum date de 1942 d'une distillerie disparue et qu'il reste seulement 3 bouteilles dans le monde, évidemment, le prix de vente est important.
2 / Ne vous fiez pas aux marques
Lorsque l'on doit choisir un rhum, on a tous en tête des noms de marque, que l'on connaît ou dont on a entendu parler. Une publicité impactante, un ami, un parent, une bouteille chez un ami, etc. Ne vous fiez pas nécessairement à ces marques, parce que ces produits sont généralement achetés à cause ou grâce au nom de la marque. Ce ne sont pas toujours les meilleurs produits ni les meilleurs rapports qualité/prix et donc les meilleurs rhums.
3 / Ne vous fiez pas à la couleur du rhum
Il est très simple de maquiller un rhum. On modifie la couleur du rhum pour qu'il paraisse plus vieux et plus aguicheur. Vous pouvez retrouver des ajouts, surtout dans les produits d'appel, mais pas que. Cette tricherie légale est tolérée dans une certaine mesure. Ces ajouts faussent complètement la couleur naturelle du rhum. Il ne faut pas apporter trop d'importance à la robe du rhum au travers du verre de la bouteille. Les bouteilles noires opaques du célèbre embouteilleur indépendant italien Velier bloquent cette approche. Exemple, la bouteille avec la robe la plus aguichante a peut-être le plus d'ajout. Encore une fois, goûtez et renseignez-vous sur les processus des marques.
4 / Ne vous fiez pas uniquement l'âge du rhum
L'âge ne fait pas la qualité, ni un meilleur goût. Si la matière première au départ n'est pas de qualité, alors le jus final au bout du vieillissement ne sera pas bon, tout simplement. Il faut donc se renseigner sur les distilleries, les marques et leurs processus de fabrication. Pur jus de canne à sucre ou mélasse, peu importe, il faut par contre obligatoirement une matière première de qualité. De plus, les rhums vieux ou hors d'âge sont marqués avec des goûts que vous n'apprécierez pas forcément.
5 / Ne vous précipitez pas
Lorsqu'on débute dans le monde du rhum, il ne faut pas chercher à compenser son inexpérience, en achetant trop de bouteilles au prix élevé et en sautant les étapes. Nous vous conseillons d'y aller progressivement. Comme dans le sport, le but ce n'est pas d'aller trop vite mais d'avoir une progression linéaire. Sinon, vous risquez de ne pas avoir le palais assez entraîné pour apprécier des produits complexes.
Votre palais a besoin d'entraînement. Quand on commence à apprécier le rhum, il faut commencer par déguster des produits d'entrée de gamme. Ils sont peut-être plus simples à boire mais cela permet de valider votre intérêt et de forger vos goûts. Sinon comme dans le vin, si vous dégustez directement des grands crus, nous n'aurez peut-être pas le palais suffisamment aiguisé pour les apprécier à leur juste valeur.
Nous vous proposons ci-dessous un exemple de progression avec 3 niveaux :
6 / Dégustez un maximum
C'est peut-être le conseil le plus évident, mais il est important de le citer. Il est essentiel de goûter un maximum de rhums pour se faire un avis et un moyen de comparaison entre les différents produits. Il est primordial pour éduquer votre palais de déguster un maximum de saveurs. Dégustez tous les types de rhum (à partir de pur jus de canne à sucre ou de mélasse), de toutes les traditions (rhum, ron et rum), de tous les territoires (Caraïbes, Amérique du Sud, Asie par exemple), etc. Goûtez de tout ! Plus vous dégusterez, plus vos goûts se forgeront.
Ne vous limitez pas aux produits similaires à votre goût actuel. Les goûts évoluent avec le temps. Idéalement, dégustez un échantillon d'un rhum avant d'acheter la bouteille. Pour déguster un maximum, il y a bien sûr la vente d'échantillons ou samples. Vous pouvez également profiter d'un calendrier de l'avent dédié au rhum pour en obtenir 24 d'un coup. Pensez également aux salons, comme le Rhum Fest ou encore le Whisky Live Paris. Vous aurez également l'occasion d'échanger directement avec les producteurs et/ou marques.
7 / Soyez indulgent avec vous-même
Quand on débute, on se réfère souvent aux livres ou aux notes de dégustations disponibles en ligne. C'est tout à fait normal de ne pas retrouver le nez, les saveurs en bouche, et les sensations de finale mis en avant. Il faut y aller étape par étape. Tout d'abord, essayez de trouver les arômes et saveurs qu'un blogueur ou livre de votre choix liste, pour un rhum que vous appréciez tout particulièrement. Puis, au fur à mesure, essayez de faire votre propre note de dégustation puis de comparer avec celle d'un autre. Dans tous les cas, soyez indulgent avec vous-même et n'oubliez pas qu'une note de dégustation reste subjective.
8 / Osez goûter à tout
Il faut savoir sortir de sa zone de confort. Cette phrase n'est pas réservée à un entretien de travail ou à un statut sur LinkedIn. Il ne faut pas hésiter à goûter des rhums qui ne vous attirent pas au départ. Peut-être que vous aurez des bonnes surprises ou alors des confirmations. Il ne faut pas hésiter à goûter des produits complètement différents pour élargir son spectre de connaissances et tout simplement par curiosité.
9 / Jetez un œil au degré d'alcool
Une grande partie des références de rhums plus accessibles et les plus vendues sont embouteillées à 40%. Il y a plusieurs explications à cela. Tout d'abord, une raison réglementaire. 40 %, c'est le degré minimal pour que le jus respecte la réglementation et puisse bénéficier de l'appellation clé : rhum. La deuxième raison est économique. Moins il y a d'alcool dans le rhum, moins le rhum sera taxé. Comme tous les spiritueux, le rhum n'est pas épargné par les taxes. Pour être compétitif, moins il y a d'alcool, plus le prix pourra être bas pour limiter le niveau des taxes.
Il est donc fréquent que les produits qui ne sont pas embouteillés à 40 %, proposent quelque chose en plus. Les marques qui proposent des rhums avec des chiffres moins ronds recherchent souvent des arômes plus complexes et des saveurs hors des sentiers battus. Attention, ce n'est pas parce que le degré d'alcool est plus haut, que la sensation d'alcool sera plus forte à la dégustation. On peut notamment citer l'embouteilleur indépendant That Boutique-y Rum, avec son rhum Casa Santana 12 ans qui titre à 58,4 %.
10 / Ne vous fiez pas aux dates sur les bouteilles
De nombreuses marques utilisent des dates clés pour nommer leurs cuvées : année de création de la distillerie, date hommage à un événement marquant, les occasions ne manquent pas. Il faut prendre gare à ne pas confondre ces dates avec les millésimes. À quoi correspond le millésime dans les spiritueux ? Il correspond, la plupart du temps, à la date de distillation du produit. Cette information va de pair avec la date de mise en bouteille. Par exemple, pour le rhum Mezan Belize 2008 qui a été distillé en 2008 et mis en bouteille en 2018, cela correspond à 10 ans d'âge. Pour compléter avec un autre exemple dans le sens inverse, la cuvée Mount Gay 1703 n'est pas un rhum plusieurs fois centenaires. C'est une cuvée qui fait référence à l'histoire extraordinaire de la marque qui démarre en 1703 sur l'île de la Barbade.
Publié avec passion et panache le 14/03/2022.